Avalanches : Rider hors piste en gérant le risque

hors piste avalanche

Comment rider hors pistes tout en gérant le risque d’avalanches ?

Rider dans la peuf est une des sensations les plus incroyables qui soient, alors pour continuer à en profiter le plus longtemps possible sans finir sous une avalanche, il est nécessaire de s’assurer qu’on a la bonne démarche et la bonne attitude.

De la préparation de sa sortie hors pistes jusqu’à la façon de réagir sur le terrain, voici quelques conseils…

AVALANCHES / PETITES PRECISIONS NIVOLOGIQUES

Le manteau neigeux se constitue au fil de l’hiver par couches successives (comme un mille feuille) qui se métamorphosent selon les conditions météorologiques. Certaines strates ont une cohésion moins importante que d’autres : ces couches dites « fragiles » vont être la cause de la plupart des départs d’avalanches.

Le passage d’un ou plusieurs skieurs ou une cause naturelle (surcharge par la neige transportée par le vent, épisode de pluie, etc) peut provoquer la fissuration et l’effondrement de cette couche fragile: toute la neige située au dessus va se mettre à glisser, c’est l’avalanche.

© ortovox

Un groupe de skieurs peut même déclencher une plaque à distance, par propagation, parfois même à plusieurs centaines de mètres de là où ils se trouvent !

AVALANCHE / EXPERIENCE DU TERRAIN

Personne (et même les meilleurs experts) ne pourra vous dire avec certitude: là, ça va partir, là rien ne bougera. Parfois, tous les voyants sont au rouge et rien ne bouge ! Et parfois, une pente skiée et re-skiée va partir, alors qu’un nombre incalculable de skieurs sont déjà passés par là.

Alors on fait quoi ?

On observe le terrain, pour tenter de choisir l’itinéraire qu’on juge le moins exposé. Cette expérience est longue à obtenir et demande de réellement s’intéresser à la montagne et d’y être régulièrement. Ce n’est pas une science exacte, mais c’est ce qui permet de choisir des itinéraires pertinents et moins exposés…

→ Ce qui doit éveiller plus que tout votre vigilance :

>La neige nouvelle

>Le vent des derniers jours (où et comment il a pu transporter de la neige)

> Les conditions météorologiques du moment (période de grand froid, redoux, etc) qui ont des effets sur la métamorphose profonde du manteau neigeux)

> Le degré de pente (et des pentes au dessus de votre itinéraire)

→ Rappelez vous :

> La quasi totalité des avalanches se produisent dans les 72h après des précipitations.

> 30° de pente: Seuil au dessus duquel le déclenchement d’avalanche est très largement favorisé. (Attention, 30°, cela correspond à peu près au degré de pente d’une piste bleue) !

> L’après midi est statistiquement plus accidentogène.

AVALANCHES / SAVOIR LIRE LE B.E.R.A

Le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (BERA) est élaboré par des experts de Météo France en collaboration avec les pisteurs nivologues des différentes stations. En le lisant précisément (il est assez facile à comprendre, lisez l’article consacré ICI), on peut avoir un aperçu de la situation de la journée avec l’indice de risque (de 1 à 5), les orientations les plus dangereuses (Nord, Nord Ouest par exemple), une analyse qualitative du manteau neigeux, etc etc…

→ Mais attention ! L’indice de risque est souvent mal interprété !
L’indice 3 (risque marqué) est souvent pris pour un risque «moyen», mais c’est faux, et de très nombreux accidents ont lieu en risque 3. C’est en effet là que le choix des pentes et des itinéraires devient crucial :le manteau neigeux n’est que modérément stabilisé, et de façon très différente selon les expositions. Werner Munter, guide et expert nivologue suisse reconnu estime que le danger potentiel double d’un degré à l’autre : il est donc quatre fois plus important par risque 3 que par risque 1 !

Bref, il faut consulter le B.E.R.A dans son intégralité avant une sortie hors piste, pour avoir ces infos de base, tout en le confrontant à son expérience, ses observations du terrain et pourquoi pas les infos des pisteurs sur place (n’hésitez pas à les questionner !)

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AVOIR LA BONNE ATTITUDE QUAND ON RIDE

Même avec les connaissances les plus appronfondies, vous n’aurez jamais à 100% une vision juste et précise du danger d’avalanche. Il faut donc toujours prendre en compte la menace d’une avalanche quand on évolue hors pistes : cela veut dire avoir une vraie démarche de sécurité.

→ Pendant son run :

> On tente d’éviter les passages pièges (cuvettes, goulets)

> On prend soin de repérer des « échappatoires » tout au long du run.

> On s’arrête en sécurité. Le choix de ces points d’arrêt à l’abri est crucial !

> Attention aussi à ce qu’il y a en contrebas du run (par exemple, rider au dessus de grosses barres rocheuses est exposé : une petit coulée risquerait de vous faire sauter).  Attention aux runs au dessus d’une piste ouverte (ne pas mettre les autres en danger).

→ Choisir ses potes :

Ne partez pas avec n’importe qui. Sachez quel est le niveau de vos potes et adaptez le run en fonction. Dans certains itinéraires notamment, il faut être capable de rider vite pour s’échapper si besoin est, donc le niveau technique est très important. Cela signifie aussi d’avoir une bonne condition physique afin de pouvoir enchainer parfois de longues distances sans devoir s’arrêter en plein milieu !

 Soyez aussi assurés que tout le monde soit bien équipé (DVA-pelle-sonde) et entraîné à la recherche. 

Je vous ai détaillé comment faire votre entraînement à la recherche DVA dans mes « stories à la Une » d’Instagram ICI.

→ La Règle d’Or : Respecter des distances de sécurité entre chaque membre du groupe ! C’est ultra important : si une avalanche survient elle ne doit pas entraîner plus d’un rider à la fois.

Enfin, ne vous laissez pas gagner par l’émulation du groupe : gardez la tête froide et sachez renoncer si vous ne « sentez » pas un passage. Soyez à l’écoute de vos feelings et aussi attentifs aux bruits de la montagne. Ne vous laissez pas griser par les tonnes de peuf, l’envie de faire le malin (la maline) ou l’insistance de certains potes !

Restez humbles. « La montagne est ni juste ni injuste, elle est dangereuse »

– Reinhold Messner

EN SAVOIR PLUS :

L’incontournable ANENA avec de nombreuses ressources

Le Safety Academy Lab d’Ortovox hyper bien conçu et didactique

Data Avalanches, les dernières avalanches recensées partout dans les Alpes par l’expert Alain Duclos : études de cas très intéressantes.

Photo de titre et schéma : Ortovox (schéma : Alain Duclos pour Ortovox)


2 réflexions sur “Avalanches : Rider hors piste en gérant le risque

  1. Personnellement, j’insiste aussi qu’il faut d’abord s’initier avec les découvertes proposées par les stations. Par exemple aux 2 alpes, on peut faire une journée « Freeride Attitude » où on apprend toute la théorie le matin (lecture de la montagne, utilisation du DVA) puis pratique du freeride avec un guide l’après-midi. Ensuite si on reste amateurs, mieux vaut partir avec un guide et bien choisir sa destination et sa journée. Les bureaux des guide proposent aussi des sorties collectives en freeride.

  2. Article très intéressant et tout à fait pragmatique, merci de ces précieux conseils ! Et surtout, apprendre à se servir d’un DVA (c’est comme connaître les gestes des premiers secours), c’est essentiel et beaucoup de stations le propose gratuitement.

Et toi, qu’en penses tu ?