[SURF] Entretien avec Maud Le Car, la rookie à suivre !

Peut être que son nom ne vous dit pas encore grand chose. Pourtant, Maud Le Car est l’une des jeunes françaises à suivre, la relève du surf féminin. Elle a notamment remporté le Lacanau Pro Junior cet été et terminé Vice Championne d’Europe ISA. Une jolie surfeuse antillaise qui pourrait bien créer des remous dans les saisons à venir. Alors, pour en savoir plus sur Maud, nous lui avons posé quelques questions ! 

* Salut Maud, présente toi pour celles qui ne te connaissent pas…

Je m’appelle Maud Le Car, j’ai 19 ans, et je suis originaire de l’ile de Saint Martin dans les Caraïbes. Etant née sur une île, j’ai toujours été très proche de l’océan et je pratique des sports de glisse (ski nautique,wake board,body board et wind surf) depuis mon plus jeune âge. L’année de mes 12 ans, ma mère nous a inscrit au club de surf, mon frère et moi. Ca a été une révélation : j’ai tout de suite su que je voulais en faire toute ma vie.

* St Martin est un bon spot ? 

Oui, c’est un très bon spot pour commencer et progresser, la vague est à la fois facile et très technique ! Et puis, nous avons l’avantage de pouvoir surfer toute l’année en maillot ! Cependant, comme l’ile est petite, nous n’avons pas une grande diversité de vagues comme c’est le cas en France… Donc, c’est important de bouger pour s’enrichir de nouvelles expériences sur d’autres vagues. 

* Tu habites désormais à Hossegor depuis quelques années…

A 15 ans, j’ai pris la décision de quitter mon ile pour pouvoir progresser, espérer une carrière pro et suivre les compétitions en Europe. En m’installant en métropole, j’ai pu intégrer le pôle France à Bayonne pour allier le surf et les études. C’était un gros sacrifice car je me lançais complètement dans l’inconnu, loin de mon ile, de mes amis et de mes parents. Ma famille est restée à Saint Martin mais m’a beaucoup soutenue dans ce choix. J’ai tenu bon car je savais que c’était le seul moyen de réussir mes objectifs et que ça en valait la peine. C’était difficile, mais je ne regrette absolument pas de l’avoir fait, au contraire !

J’ai obtenu mon bac S il y a maintenant 2 ans, malgré beaucoup de cours manqués à cause des compétitions. Heureusement, les professeurs, mes camarades et les entraineurs du pôle m’ont beaucoup aidée, et c’est grâce à eux si j’ai pu tout allier. L’internat du pôle restera un de mes meilleurs souvenirs, on y a fait les 400 coups !

* Parle nous un peu de ta saison…

Ma saison, c’est un peu un patchwork de voyages, je passe rarement plus de 2 mois dans le même pays ! En fait, mon quotidien réside dans une valise, en transit entre les vagues et les aéroports ! J’ai débuté la saison à la Réunion avant de revenir un peu en France, puis en Espagne, au Sri Lanka, en Indonésie, et encore quelques autres destinations entre deux… Quand j’ai quelques jours de battement entre les compétitions, j’essaie de revenir un peu sur Hossegor où je me ressource à fond. J’y ai des amis et mes habitudes et je trouve les vagues très bien pour s’entrainer. 

* Le point fort de ta saison a été le Lacanau Pro que tu as remporté, raconte nous…

Cet été est probablement la meilleure et la plus éprouvante saison que j’ai eue. Jusqu’aux 2 dernières épreuves, j’étais leader du classement. Puis, à Sopelana, je me suis faite sortir assez tôt, ce qui m’a reléguée à la 3ème place. Sachant que seul le top 2 est qualifié pour les World Juniors, je devait absolument faire de très bons résultats pour remonter en tête. Avec Lacanau en ligne de mire, je me suis entrainée dur. Il fallait que je sois prête pour ne pas laisser filer ma sélection. Une fois sur place, j’ai donné tout ce que j’avais dans l’objectif de gagner le titre. J’avais beaucoup de pression, mais mon travail a fini par payer. C’était une super sensation de gagner le Lacanau Pro Junior, surtout que toutes les françaises ont bien surfé !

* Tu es dans le team Roxy France, avec notamment Johanne Defay, qui est souvent une de tes adversaires, comment cela se passe t’il ?

Je suis entrée chez Roxy il y a 4 ou 5 ans. Je crois qu’ils m’ont repérée sur internet grâce à mes photos et mes premiers résultats. C’est cool car il y a une super ambiance dans le team, on s’entend toutes très bien, même les filles du team inter sont super sympas ! Je suis très amie avec Johanne Defay et Lee Ann Curren, malgré qu’on soit parfois les unes contre les autres dans les séries en compétition. Il faut faire la part des choses, c’est tout !

 *Tu étais il y a peu de temps au Sri Lanka, parles nous de ce pays …

Oui, j’y suis allée pour une compétition WQS 6* qui s’y déroulait. J’ai vraiment adoré le pays, les habitants sont d’une gentillesse remarquable, et les paysages magnifiques, très variés, avec des savanes, des jungles de cocotiers, des plages de rêve… Et ici, ce ne sont pas des chiens qui traversent la rue mais des éléphants ! Pour ce qui est du surf, il y a une longue droite que j’ai adorée à Arugam Bay, avec plusieurs sections très fun à surfer… C’est ce que j’aime dans le voyage : chaque pays, chaque spot est tellement unique et différent !

* Où es tu en ce moment ?
Je suis à Nias, pour un photoshoot. C’est une île de l’Indonésie qui devient de plus en plus réputée pour le surf, et en particulier pour la droite de Lagundri Bay. Mais heureusement, la difficulté pour y accéder préserve encore un peu le spot. En effet, il n’y a pas de vol direct pour Nias,mais plutôt 4 heures de route en terre, que j’ai effectuées pour ma part à l’arrière d’une vieille fourgonnette, au milieu des bidons d’essence encore dégoulinants et sans aération… Je peux vous dire que j’étais contente quand je me suis enfin retrouvée devant le spot ! Les plages y sont très sauvages et les villages noyés dans les forêts de cocotiers ont gardé leur authenticité ! J’ai été énormément touchée par la gentillesse, le sourire et la sincérité des habitants du village qui m’ont donné une belle leçon de vie, d’humanité et de partage. Il ne faut pas oublier que ces locaux ont tout perdu à la suite du tsunami en 2001. Mais ils ont su garder le sourire, leur sens du partage et de l’hospitalité. Comme on dit là bas : ‘Terima Kasih’ pour ces rencontres.

Je me souviens d’ailleurs d’une après midi en particulier. Je sortais de ma session et rejoignait le bungalow quand 3 petites filles, d’une dizaine d’années, vinrent vers moi. Elle vendaient des beignets aux touristes pour ramener un peu d’argent à leur famille. En discutant avec elles, j’eu l’idée de leur proposer de leur apprendre à surfer. En 2 secondes, elles déposèrent leur sac à beignets, coururent dans le village pour appeler d’autres copines… Et me voilà dans l’eau à pousser les petites, qui chantaient et criaient sur les vagues. Un super moment !

* Quels sont tes projets maintenant que la saison ralentit ?

Etant sélectionnée pour les Championnats du Monde Pro Junior, je participe aux différentes épreuves. Après Bali (où Maud a terminé 9ème, ndlr (la première française est Johanne Defay, 3ème) ), j’enchaine sur la 2ème épreuve à Rio de Janeiro au Brésil, le 24 Octobre.  Ensuite, je pense participer à la Panamerican, qui se déroule cette année en Guadeloupe. Je rentrerais pour Noël à Saint Martin, pour voir ma famille et m’entrainer sur mon home spot !

* Quels sont tes rêves et tes objectifs pour les années à venir ?

Je voudrais faire une belle place pour les Mondiaux Juniors Pro, puis par la suite, faire le tour international WQS. Le but est surtout de continuer à progresser, et la saison prochaine, de me requalifier pour les Worlds Juniors.

 POUR EN SAVOIR PLUS
Pour suivre ses aventures tout autour du monde:  http://followthemaud.com/

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