C’est la seule française sur le World Tour. La seule européene à y rester une seconde année. La discrète Pauline Ado évolue parmi les meilleures surfeuses mondiales, et prouve chaque jour un peu plus qu’elle y a totalement sa place, avec plusieurs podiums et notamment une 3ème place au Roxy Pro. Entre deux compétitions, Pauline Ado a pris quelques minutes pour nous accorder une interview. Pour parler de sa vie de nomade, des compétitions, des filles du World Tour, de l’ambiance, de ses voyages, de son quotidien. Moteur.
* Salut Pauline, présente toi pour celles qui ne te connaissent encore pas bien…
J’ai grandi à Hendaye au bord de la mer et c’est donc tout naturellement que j’allais à la plage tous les étés. Avec un groupe de copains, nous nous amusions à prendre des vagues en bodyboard et à se mettre debout. Nous avons donc eu envie d’essayer le surf et nous avons commencé à prendre des cours au club d’Hendaye. J’ai tout de suite attrapé le virus et ai commencé à faire de petites compétitions. Je n’y ai pas trop pris goût au début jusqu’à ma première victoire !
Après cela, j’ai gravi les échelons petit à petit. Les résultats ont suivi et j’ai commencé à vouloir devenir surfeuse professionnelle. Je me suis lancée sur le circuit après l’obtention de mon bac en 2009 et me suis qualifiée pour le World Tour l’année dernière.
* Tu viens donc d’Hendaye, c’est comment pour surfer?
C’est un très bon spot pour débuter ! (rires). Les vagues sont assez molles et plus petites qu’ailleurs, il n’y a pas de courant… Mais passé un certain niveau, il faut se déplacer et surfer d’autres vagues pour progresser.
* Quand tu rentres en France, où préfères tu aller surfer ?
Je surfe sur beaucoup de spots différents en fonction des conditions, de la côte Basque aux Landes. Mais j’ai un petit faible pour la vague de Lafiténia sur laquelle j’ai mes repères.
*Tu viens de terminer ta première année sur le World Tour et tu enchaînes l’année prochaine, raconte nous comment tu vis tout ça !
J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir cette année. Avant de commencer la saison, je ne savais pas trop à quoi m’attendre même si j’avais eu quelques invitations sur des épreuves World Tour. Lorsqu’un classement est en jeu, la pression et les attentes sont bien différentes. De plus, je n’avais pas trop de repères par rapport aux scores que j’étais capable d’afficher. Mais je me suis sentie plutôt bien dès la première épreuve et cela m’a donné confiance. Je me suis essentiellement concentrée sur mes performances plutôt que de calculer les points ou les places dont j’avais besoin. J’ai parfois perdu à pas grand chose, d’autres fois gagné sur des petits détails. A ce niveau, il ne faut rien laisser au hasard. Je tournais autour de la 10ème place toute l’année et j’ai su scorer (avec ma 3ème place au Roxy Pro de Biarritz) au moment où j’en avais besoin. J’ai beaucoup appris et ai vu ce que j’avais à travailler pour l’année prochaine.
* Comment est l’ambiance entre les filles sur le Tour ?
L’entente entre les filles du tour est vraiment bonne ! Bien sûr, il y a une grosse rivalité entre nous, mais nous savons faire la part des choses et lorsque la journée de compétition est terminée, la plupart des filles se retrouvent par affinités pour manger un bout ou visiter. J’ai pas mal voyagé avec Jess Miley-Dyer avec qui je me suis bien entendue. Il existe des limites à ces amitiés car nous sommes susceptibles de tomber les unes contre les autres mais les coups bas n’existent pas vraiment et nous nous respectons toutes.
* Quelles sont les filles que tu crains le plus en compétition, quelles sont celles qui t’impressionnent ?
La plupart des filles du tour sont, de toutes façon, de dangereuses compétitrices. Une série face à l’une d’entre elles ne se prend pas à la légère. Mais des filles comme Carissa Moore et Steph Gilmore sont très impressionnantes techniquement ainsi que Sally Fitzgibbons qui est très régulière dans l’excellence. Elles occupent les premières places du classement et ce n’est pas pour rien !
* Quelles épreuves du Tour as tu préféré surfer ?
J’ai bien aimé l’épreuve de Snapper car c’est une vague que j’affectionne et que c’était ma première épreuve en tant que membre du World Tour. J’ai aussi beaucoup aimé surfer le Roxy Pro à Biarritz , car je n’ai pas souvent l’occasion de surfer à domicile et signer mon meilleur résultat de l’année là bas a été un moment fort !
* Comment te prépares tu entre les épreuves ?
Tout dépend du temps que j’ai entre celles-ci. Si j’ai plusieurs semaines, je vais travailler techniquement ainsi que physiquement en prévision de la prochaine épreuve. Si en revanche, j’enchaîne les compétitions comme c’était le cas en début d’année, j’axe plutôt ma préparation sur la récupération. Je fais des sessions courtes pour régler de petits détails, du stretching…
*Que vas tu faire maintenant que le World Tour fait une pause ?
J’ai encore deux compétitions WQS auxquelles je participe pour garder le rythme. Après cela, j’ai quelques mois où je vais me préparer pour la saison prochaine. Je compte aller à Hawaï en fin d’année et j’ai d’autres projets de trips également, avant de repartir pour l’Australie en début d’année prochaine.
* Est ce parfois difficile d’être toujours en voyage, de surfer beaucoup en compétition ?
Disons que c’est assez épuisant. Les compétitions durent environ une semaine durant laquelle la pression et la concentration est constante. Même si le temps passé dans l’eau n’est pas très important, cela brûle une énergie considérable. Une fois que tout est terminé, on fait ses bagages, on saute dans un avion pour recommencer… On s’y perd un peu parfois et c’est difficile de garder contact avec ses proches lorsque l’éloignement perdure. Mais c’est un style de vie que j’adore et que je n’échangerais pour rien au monde. J’aime ne pas avoir de quotidien, ne pas savoir de quoi va être fait ma semaine, rencontrer des gens différents, voir de nouveaux endroits…
Surfer en compétition ne me dérange pas au contraire. Sinon j’aurai simplement fait du freesurf pour m’épargner la pression et les enjeux… Mais au final, même si c’est dur, j’adore ça ! Une session magique de freesurf ça n’a pas de prix, mais surfer à son meilleur niveau en compétition et gagner n’en a pas non plus…
* Comment gères tu la pression ?
J’essaie juste de me concentrer sur ma performance, mon surf, sur ce que je dois faire le jour J, sans trop penser aux enjeux. Je me prépare au mieux pour être sûre d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour réussir.
* Tu voyages dans le monde entier, quelle est ta destination surf préférée ?
Je dirais l’Australie. Même si ce n’est pas le pays le plus dépaysant, j’adore leur rythme de vie et le fait que ce soit si différent en fonction de la région où l’on se trouve…
* Y’a t’il un pays en particulier où tu rêverais de surfer, mais où tu n’as pas encore eu l’opportunité d’aller ?
J’adorerais faire un trip au Mexique et surfer la vague de la Jolla. Mais il y a tellement de vagues qui me font rêver et que je n’ai encore jamais surfées : Honolua Bay, Jeffreys Bay, les Maldives… la liste est assez longue !
Mais dernièrement, je me suis rendue compte que j’étais aussi attirée par des destinations « non-surf » comme New York, l’Asie, certains pays d’Europe comme l’Italie… Lorsque je voyage pour une compétition, même si je visite, je n’ai pas le temps de profiter du pays à 100%, d’où cette envie.
*Quels sont les points que tu veux améliorer dans ton surf avant la nouvelle saison du Tour ?
Mon surf a besoin d’être encore plus radical, plus puissant. Je cherche aussi à surfer toujours plus près du creux et du point critique de la vague. Je voudrais réussir à passer des manœuvres innovantes en compétition comme des reverses, laybacks et aussi commencer à rentrer des airs.
* Tu avais cette année ta série ‘Follow Pauline’ avec Rip Curl, raconte nous comment cela se passait au quotidien, notamment avec Judith, la caméraman qui te suivait….
Je ne savais pas trop comment j’allais réagir au fait d’avoir une caméra avec moi 24/24h et 7/7j mais cela s’est super bien passé avec Judith. Elle m’a mise à l’aise dès le début et n’a pas interféré dans mon quotidien. Elle s’adaptait à mon programme et me posait des questions de temps en temps. Elle a vraiment respecté les moments où j’avais besoin d’être un peu plus isolée sans même que j’ai eu besoin de lui dire… On est devenue amies au final !
POUR EN SAVOIR +
Son site web : http://paulineado.fr/ Le site web de ses séries : http://ripcurl.eu/followpauline Pauline est soutenue par RIP CURL, SWATCH, VANS, OAKLEY, RT SURFBOARDS, FCS et GORILLA