Alors que les surfeuses voient leur notoriété s’améliorer et l’intérêt des médias s’accroître sans cesse, les bodyboardeuses restent dans l’ombre. On a voulu en savoir plus sur Anne Cécile Lacoste, qui vient de remporter le titre de vice championne d’Europe, qui vient s’ajouter à un palmarès déjà impressionnant. Anne Cécile est une vraie passionnée, amoureuse de l’océan, qui voyage aux quatre coins du monde pour surfer les plus belles vagues et pour qui le body et le surf sont bien plus qu’un sport. Interview…
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Palmarès Express:
2011 : Vice-Championne du Monde ISA
2012 & 2013 : Championne de France
2013 : Vice Championne d’Europe
Salut Anne Cécile, présentes-toi pour celles qui ne te connaissent pas…
Salut ! Moi c’est Anne-C , j’ai 31 ans et je viens d’Arcachon. Je pratique le bodyboard depuis toute jeune. Quand j’étais petite, mon frère et moi avions reçu en cadeau un petit bodyboard pour jouer dans les vagues. J’adorais ça, je pouvais en faire durant des heures. Puis, au collège, j’ai rencontré un petit groupe de bodyboardeurs aussi accros que moi, et nous avons continué ensemble. Pour moi, ce sport est avant tout un style de vie. Désormais, j’enchaîne les compétitions et les trips, et je travaille aussi comme monitrice de surf à l’UCPA. Ma vie tourne principalement autour des voyages et du bodyboard !
Quand as tu commencé la compétition ?
Je me suis inscrite dans un club de surf (La Salie Surf Club) à l’adolescence. J’ai commencé à faire des compétitions, pour voir, mais aussi pour rencontrer d’autres filles car il n’en avait aucune là où je surfais. Le bodyboard est un sport jeune qui regroupe à peu près une centaine de femmes dans le monde, ce qui fait de nous une petite communauté, et malgré la saine rivalité créée par la compétition, on s’entend toutes très bien et on partage beaucoup. C’est comme une grande famille !
Quel est ton rapport à l’océan?
Pour moi, surfer et être dans l’eau, c’est être perpétuellement en contact avec la nature et se sentir libre. On ne peut pas contrôler l’océan, on doit au contraire le respecter et rester humble devant lui. Chaque moment passé dans l’eau est toujours différent et unique. J’aime tout autant surfer pour m’amuser avec mes amis que rechercher l’adrénaline dans des sessions plus engagées durant lesquelles je tente de repousser mes limites.
Surfes tu aussi ?
Oui, bien sûr, en fait je m’adapte aux conditions. Le body, c’est parfait dans des vagues bien creuses et tubulaires, mais si les vagues sont plus petites et moins puissantes, je préfère surfer !
Tu voyages énormément, qu’est ce que cela t’apporte?
Le voyage est un super équilibre. Il est une source de plaisir dans ma vie, de motivation, cela permet de faire LA coupure avec la vie quotidienne. Aller à la découverte de nouvelles cultures, de nouvelles personnes, voir des paysages magnifique, c’est très important pour moi. Ca fait passer l’hiver plus vite aussi, qui peut parfois durer plus longtemps que prévu… Je me rends bien compte que c’est une chance de pouvoir mener cette vie mais cela demande des efforts et ce n’est pas toujours facile . Je m’empêche de faire d’autres choses mais tout est question de choix, et de priorités, il faut juste savoir ce qu’on veut et surtout ne pas avoir de regrets car on n’a qu’une seule vie.
Quels sont tes spots préférés ?
Salsa Brava (Costa rica)
La Tortue ( Ile de la Réunion)
Pascuales (Mexique)
Béliche (Portugal)
La Salie (France)
T’impliques tu dans la protection de l’environnement, quel est ton avis là dessus ?
Je ne suis pas impliquée dans des associations ou organismes particuliers pour la défense de l’environnement mais je respecte la nature chaque jour. Dernièrement, j’ai participé à une manifestation chez moi à la Salie contre l’usine SMURFFIT qui déverse les eaux usées du bassin d’Arcachon dans l’océan et sur le spot même où j’ai appris à surfer. C’est une véritable catastrophe car la pollution y est révélée mais tolérée. J’essaie de faire de mon mieux pour préserver la nature dans mes gestes quotidiens. En fait, c’est juste ce que chacun devrait faire et ce serait déjà un grand pas !
Quels sont tes projets, tes objectifs ?
Je vais finir le tour ETB ( coupe d’Europe) qui aura lieu en fin d’année car j’ai gagné la première étape à la Salie en Juin dernier, mais je ne ferai pas de compétitions IBA (professionnelles) cette année car je n’ai pas trouvé le financement pour…C’est dommage car sur 6 compétitions je n’en avais loupé que deux.. Je pensais pouvoir participer à la fin du tour et garder un bon classement international mais finalement ce ne sera pas possible. Tant pis, rien n’est perdu, et qui sait, peut être que je pourrais y participer plus tard, la vie nous réserve pleins de surprises !
Et puis, en restant ici en France, plus posée et disponible, d’autres opportunités se sont offertes à moi et la « belle » vie continue son cours. Je n’ai aucun regret, que des bons souvenirs. Le plus important c’est d’avoir encore cette liberté de pouvoir choisir, c’est une bénédiction et j’ai la tête encore pleine d’idées et d’envies .
Quel souvenir en particulier aimerais tu nous faire partager ?
Des souvenirs, il y’en a beaucoup !! Mais l’un d’entre eux est chargé d’émotion : lorsque l’on a gagné les Championnats du monde ISA avec l’équipe de France aux Canaries en 2011 et que j’ai fini deuxième. J’étais déjà tellement heureuse d’avoir été sélectionnée pour représenter mon pays, alors devenir vice-championne du monde , c’était plus que ce que j’espérais, c’était un rêve !
Tu dois travailler à côté pour vivre, comment allies tu les deux, le travail et ta carrière en haut niveau ?
J’ai un parcours atypique car j’ai d’abord bâti ma situation professionnelle avant de me lancer dans une carrière sportive. J’ai monté mon club et école de Surf/Bodyboard à Arcachon, l’Ocean Roots Surf Club après avoir passé mon Brevet D’état Surf en 2001. Durant 5 ans, j’ai coaché, entraîné et encadré mes «petits enfants » comme je les appelle. Cela m’a motivée moi aussi à continuer les compétitions. Puis, grâce à mes sponsors , je me suis lancée dans une carrière professionnelle de compétition, mais assez tardivement. Je pense qu’il fallait que j’atteigne une certaine maturité pour me lancer dans la compétition avec sérieux et obtenir les résultats espérés. Etre sportif de haut niveau, cela demande beaucoup de rigueur alors que malheureusement, le bodyboard ne fait pas vivre.
En fait, je prends la compétition comme une bénédiction, sans me mettre trop de pression, afin de pouvoir apprécier chaque instant. Je peux rencontrer de très belles personnes , voyager, c’est une chance, une passion. Il suffit juste de trouver un équilibre pour concilier travail et sport, se donner à fond pour ne rien regretter et .. c’est que du bonheur !
Tu travailles désormais comme monitrice de surf à l’UCPA durant l’été, qu’est ce qui te plaît dans ce job ?
Voir le sourire des gens quand ils apprennent à surfer, c’est jouissif ! Peu importe le niveau, la sensation que l’on éprouve quand on surfe est la même pour tous. Et pouvoir transmettre cela et le partager, c’est tellement bon ! Je parle avec les gens, je leur raconte des anecdotes, mes aventures de compétitions, je leur montre que surfer peut être donné à tout le monde, que c’est juste une manière de penser, un rapport privilégié avec l’océan…
Qu’aimes tu faire en dehors du bodyboard ?
Même si je fais d’autres choses , je reste focus quand même ! La première chose que je fais quand je me lève est de checker le report ou la webcam pour voir les prévisions. J’organise ma journée en fonction de tout ça. Je passe aussi beaucoup de temps sur le net à voir les dernières news, vidéos et le déroulement du tour Pro (live, résultats) , et même les compètes de surf ! Le Dimanche, je donne des entraînements au sein de l’association Mermaids dont je m’occupe avec Elodie Redon et Emilie Masson.
Je m’entraîne aussi régulièrement, en faisant un tas de sport (footing, vélo, renforcement musculaire, danse). J’adore la musique et la danse, j’ai fait 16 ans de piano jusqu’au conservatoire et 19 ans de danse classique ! Ma vie tourne autour du bodyboard c’est vrai, mais je suis ouverte à plein d’autres choses et j’aime beaucoup passer des moments avec ma famille et mes amis. Je peux même parfois louper une bonne session si c’est pour apprécier un bon moment avec eux (enfin pas trop souvent quand même ;) ). Des vagues, il y’en aura tout le temps mais les gens qu’on aime ne sont pas éternels !
> Merci Anne Cécile !